Douleurs musculosquelettiques liées à la position assise prolongée devant un écran : mécanismes, rôle de la chiropraxie et apports complémentaires de la thérapie laser
La sédentarité et l’usage intensif de l’ordinateur représentent des facteurs de risque majeurs pour le développement de troubles musculosquelettiques (TMS). Le maintien prolongé d’une posture assise statique, souvent associée à une ergonomie inadaptée, génère des contraintes mécaniques sur la colonne vertébrale, les ceintures scapulaire et pelvienne, ainsi que sur les membres supérieurs. Ces contraintes se traduisent par des douleurs, des raideurs et parfois par l’apparition de syndromes douloureux chroniques.
Physiopathologie des douleurs liées à la posture prolongée
Contraintes biomécaniques
- Colonne cervicale : la flexion antérieure de la tête (15 à 30° dans la majorité des cas) augmente significativement les forces de compression sur les disques cervicaux et sollicite de manière excessive les muscles paravertébraux cervicaux et trapéziens supérieurs.
- Colonne dorsale : la cyphose posturale entraîne une surcharge des muscles érecteurs du rachis et une inhibition relative des stabilisateurs scapulaires (rhomboïdes, trapèzes moyens et inférieurs).
- Colonne lombaire : l’assise prolongée en flexion accentue la pression intradiscale, notamment au niveau L4-L5 et L5-S1, favorisant la dégénérescence discale et les lombalgies.
- Membres supérieurs : une abduction prolongée de l’épaule, combinée à l’extension répétée du poignet et à l’usage de la souris, prédispose aux tendinopathies (coiffe des rotateurs, épicondylites).
Conséquences neuromusculaires
- Fatigue musculaire statique : contraction isométrique prolongée entraînant une hypoxie musculaire locale et l’accumulation de métabolites douloureux (lactates, ions H+).
- Déséquilibres musculaires : inhibition des muscles posturaux profonds (multifides, abdominaux transverses) et suractivation compensatoire des muscles superficiels.
- Douleurs référées : activation des points gâchettes myofasciaux, notamment dans les trapèzes, pouvant générer céphalées tensionnelles et douleurs projetées dans le bras.
Rôle du chiropracteur dans la prise en charge
Évaluation clinique
- Analyse de la posture statique et dynamique.
- Tests articulaires et musculaires spécifiques pour identifier les zones de restriction de mobilité.
- Dépistage des compensations musculosquelettiques liées à la posture de travail.
Traitement chiropratique
- Ajustements vertébraux et articulaires : restauration de la mobilité intervertébrale, diminution des contraintes mécaniques et normalisation des afférences proprioceptives.
- Techniques myotensives : relâchement des chaînes musculaires contracturées.
- Conseils ergonomiques personnalisés : réglage du poste de travail (hauteur d’écran, appui lombaire, position de la souris).
Prévention et rééducation
- Programmes d’exercices ciblés pour renforcer les stabilisateurs posturaux.
- Éducation thérapeutique : gestion des pauses actives et des micro-mouvements pour limiter la sédentarité.
Apports de la thérapie laser haute puissance
La photobiomodulation par laser représente une modalité thérapeutique complémentaire. Ses effets sont validés par plusieurs études :
- Anti-inflammatoires : modulation de la production de prostaglandines et cytokines pro-inflammatoires.
- Antalgiques : stimulation de la libération d’endorphines et inhibition des fibres nociceptives C.
- Trophiques : augmentation de l’activité mitochondriale (synthèse d’ATP), favorisant la cicatrisation et la régénération cellulaire.
Exercices spécifiques recommandés
- Rééducation cervicale :
- Rétraction cervicale pour renforcer les fléchisseurs profonds.
- Étirements des trapèzes supérieurs et élévateurs de la scapula.
- Rééducation scapulaire :
- Renforcement des rhomboïdes et trapèzes moyens par tirages élastiques.
- Extensions thoraciques actives pour corriger la cyphose posturale.
- Rééducation lombaire :
- Gainage du transverse et des multifides.
- Étirements des ischio-jambiers et des fléchisseurs de hanche pour réduire la bascule pelvienne antérieure.
Conclusion
La position assise prolongée devant un ordinateur constitue un facteur de risque majeur de douleurs musculosquelettiques. La prise en charge chiropratique, associée à la thérapie laser et à des exercices adaptés, offre une approche multimodale efficace pour réduire la douleur, restaurer la mobilité et prévenir la récidives des troubles.
Bibliographie sélective
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